
Lors d’un groupe de parole, un sujet important a émergé : la difficulté de se faire entendre dans certains contextes stressants — face au médecin-conseil, à la mutuelle, ou dans d'autres situations où l'on se sent jugé·e à cause de la fibromyalgie.
Beaucoup d'entre nous ont déjà connu ce moment de tension, où l'on a l'impression que nos douleurs, notre vécu, notre légitimité sont mises en doute. Dans ces instants-là, le stress monte, les mots se bloquent, et l’émotion prend parfois toute la place.
C’est là qu’un outil comme la Communication Non Violente (CNV) peut devenir un vrai soutien.
La CNV, développée par Marshall Rosenberg, repose sur quatre étapes simples mais efficaces :
Observer les faits, sans juger.
Exprimer ce que l’on ressent (émotion).
Identifier le besoin profond derrière cette émotion.
Formuler une demande claire, concrète, réalisable.
Pourquoi est-ce si important d’exprimer son émotion ?
Quand on parle de fibromyalgie, on est souvent confronté·e à l’invisibilité de la maladie. Cette invisibilité peut générer un profond sentiment d’injustice, d’incompréhension, voire d’humiliation. Dans ces moments-là, nos émotions — peur, tristesse, colère, fatigue — sont bien présentes, mais on les tait souvent pour "tenir bon", ou par crainte de ne pas être pris·e au sérieux.
Or, nommer ce que l’on ressent, c’est se réapproprier son vécu. C’est une manière de dire : « Ce que je vis est réel, même si cela ne se voit pas. »
Exprimer une émotion avec des mots simples comme "je me sens inquiet·e", "je me sens découragé·e", ou "je me sens en colère" permet :
de libérer la tension intérieure, plutôt que de la garder pour soi;
d’inviter l’autre à se relier à nous, non pas sur un terrain conflictuel, mais humain.
de mieux comprendre ce qui se passe en soi, et donc de poser des mots plus justes ensuite.
Ce n’est pas une faiblesse de parler de son émotion. C’est au contraire une forme de courage, une manière de poser un cadre clair à l’échange, en commençant par dire où on en est vraiment.
Par exemple :
"Quand je suis convoqué·e par la mutuelle, je me sens angoissé·e et vulnérable, parce que j’ai besoin d’être reconnu·e dans ce que je vis. Est-ce possible de prendre un moment pour que je vous explique en quoi la fibromyalgie impacte mon quotidien ?"
Ce n’est pas une baguette magique, bien sûr. Mais partir de son ressenti, oser nommer son émotion, puis exprimer un besoin sincère, peut parfois ouvrir une porte. Cela permet aussi de rester connecté·e à soi, de garder une certaine sécurité intérieure, même face à l’incompréhension.
Parler depuis son cœur, avec authenticité, peut parfois désamorcer des tensions… ou, au minimum, nous aider à retrouver notre propre voix dans ces moments difficiles.