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SEXISME

La fibromyalgie affecte des millions de personnes dans le monde. Cependant, au-delà de la complexité médicale de cette condition, un aspect souvent négligé est l'impact du sexisme sur la reconnaissance, le diagnostic et le traitement de la fibromyalgie.


Une maladie genrée


Les statistiques montrent que la fibromyalgie touche majoritairement les femmes. En effet, environ 80% des personnes diagnostiquées sont des femmes. Cette disproportion n’est pas seulement biologique mais résulte aussi de biais sexistes dans le système médical. Les symptômes de la fibromyalgie, souvent subjectifs et difficiles à quantifier, sont parfois perçus comme moins sérieux lorsqu'ils sont rapportés par des femmes, ce qui retarde souvent le diagnostic et le traitement adéquat.


Biais dans le diagnostic


Historiquement, les femmes ont souvent été vues comme plus sujettes à l'hystérie ou à l'hypocondrie, des stéréotypes qui persistent encore aujourd'hui dans certains milieux médicaux. Une étude réalisée par Werner et Malterud (2003) a montré que les femmes rapportant des douleurs chroniques se voyaient souvent dire que leurs symptômes étaient "dans leur tête", ou étaient attribués à des causes

psychologiques sans examens approfondis. Une autre étude par Wentz et al. (2004) a révélé que les femmes souffrant de fibromyalgie mettaient en moyenne 2,3 ans de plus que les hommes à recevoir un diagnostic.


Selon un article de TV5Monde, "Avoir mal quand on est une femme, c'est normal : le sexisme derrière la fibromyalgie", cette attitude médicale négligente provient en partie du stéréotype selon lequel "les femmes exagèrent leur douleur". Ce préjugé mène à une sous-évaluation systématique des symptômes féminins, retardant ainsi leur prise en charge adéquate.


Différences dans le traitement


Même une fois diagnostiquées, les femmes atteintes de fibromyalgie peuvent recevoir un traitement différent de celui des hommes. Une étude de Bartley et al. (2016) a mis en évidence que les médecins étaient plus susceptibles de prescrire des antidépresseurs ou des anxiolytiques aux femmes atteintes de fibromyalgie, tandis que les hommes étaient plus souvent orientés vers des interventions physiques comme la physiothérapie. Ce biais thérapeutique découle d'une perception biaisée selon laquelle les femmes sont plus fragiles psychologiquement et donc plus enclines à des traitements psychiatriques.


Impact psychologique et social


Le sexisme médical ne se limite pas aux diagnostics et aux traitements ; il a également un impact significatif sur la vie quotidienne des patientes. La douleur chronique et le manque de reconnaissance peuvent mener à une détresse psychologique importante, exacerbée par une société qui tend à minimiser les douleurs des femmes. Une étude de Raphael et al. (2006) a montré que les femmes atteintes de fibromyalgie avaient des taux de dépression et d'anxiété significativement plus élevés que les hommes, souvent en raison de la perception de ne pas être crues ou comprises par les professionnels de santé et leurs proches.


Vers un changement nécessaire


Pour lutter contre le sexisme dans la prise en charge de la fibromyalgie, il est essentiel d'augmenter la sensibilisation et la formation des professionnels de santé sur cette condition et ses impacts différenciés selon le genre. Il est également crucial d'encourager la recherche qui prend en compte les différences de genre dans l'expression et la gestion de la douleur chronique. Une approche médicale plus inclusive et sensible aux questions de genre permettrait non seulement de mieux diagnostiquer et traiter la fibromyalgie, mais aussi d'améliorer la qualité de vie des millions de femmes qui en souffrent.


Conclusion


La fibromyalgie et le sexisme forment une intersection complexe où les stéréotypes de genre influencent profondément la manière dont les patientes sont perçues et traitées. Reconnaître et combattre ces biais est crucial pour offrir un soin juste et efficace, et pour soutenir pleinement les personnes atteintes de cette maladie invalidante.


La lutte contre le sexisme dans la médecine est non seulement une question de justice sociale mais aussi une nécessité pour l’amélioration de la santé publique.


Texte rédigé à partir de

Werner, A., & Malterud, K. (2003). "It is hard work behaving as a credible patient": encounters between women with chronic pain and their doctors. Social Science & Medicine, 57(8), 1409-1419.

Wentz, K., Lindberg, C., Hallberg, P., & Stenlund, H. (2004). Gender differences in fibromyalgia patients: Comparison of clinical characteristics and impact of the disease on daily life functioning. Scandinavian Journal of Rheumatology, 33(6), 383-389.

Bartley, E. J., Palit, S., Staud, R., & Robinson, M. E. (2016). Gender differences in pain perception and patients' responses to pain treatment. Current Pain and Headache Reports, 20(12), 1-8.

Raphael, K. G., Janal, M. N., Nayak, S., Schwartz, J. E., & Gallagher, R. M. (2006). Psychiatric comorbidities in a community sample of women with fibromyalgia. Pain, 124(1-2), 117-125.

"Avoir mal quand on est une femme, c'est normal : le sexisme derrière la fibromyalgie", TV5Monde. TV5Monde.


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